L’affaire Guy Turcotte : le crime parfait ?

La récente décision de la Cour supérieure dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Turcotte » a fait couler l’encre des stylos comme celle des rotatives et occupé un espace virtuel important dans Internet et les réseaux sociaux. Elle a surtout posé le problème difficile – et parfois douloureux – de l’exercice de la justice. En effet, était-il juste de voir un père quitter le tribunal sans condamnation après qu’il eut admis avoir causé la mort de ses propres enfants ?

Les réactions n’ont pas manqué, l’indignation servant de toile de fond. Certains ont parlé du « jugement de la populace »… Mais il faut reconnaître la légitimité du débat public. Si cer­taines réactions étaient motivées par une conception répressive de la justice criminelle – l’idée d’un droit vengeur -, d’autres reposaient plutôt sur l’idée que la responsabilité personnelle doit continuer à servir de fondement rationnel aux rapports sociaux. De quoi peut-on être reconnu coupable aujourd’hui, se demandent certaines personnes, si on n’est même plus tenu d’assumer la responsabilité du meurtre de ses propres enfants ?

Le déferlement des réactions aura témoigné de l’importance croissante de la justice dans le débat public. Les gens cherchent simplement à y comprendre quelque chose, et ils ont raison. Plusieurs questions ont surgi : l’argument de la maladie mentale doit-il l’emporter sur le principe de la responsabilité personnelle ? Le Dr Turcotte aurait-il perpétré le « crime parfait » ? Le jugement rendu ne vient-il pas légitimer la violence familiale ? La décision d’un juge seul aurait-elle été différente de celle d’un jury ?

 

Ce contenu a été mis à jour le 7 avril 2015 à 9 h 24 min.