Référents religieux et rapport à la normativité : asymétrie des rapports au droit
Pierre Noreau Référents religieux et rapport à la normativité : asymétrie des rapports au droit, dans Jean-François Gaudreault-Desbiens, Le droit, la religion et le «raisonnable» — Le fait religieux entre monisme étatique et pluralisme juridique, Montréal,Thémis, 2009, p. 383-428.
La question de la cohabitation entre citoyens d’inclinaisons, d’origines et de religions différentes pose celle des conditions mêmes de la vie collective moderne. Référant à cette diversité, certains auteurs parlent même de postmodernité , d’ hypermodernité ou de modernité avancée . Chaque fois se trouve posé le problème de la cohabitation des différences et des identités, une question également évoquée dans le débat actuel sur les accommodements raisonnables en matière religieuse. Cette question est plus particulièrement soulevée par les théoriciens de la démocratie délibérative. On s’y penche notamment sur les paramètres de la pensée libérale contemporaine, qu’elle s’appuie sur la théorie de la reconnaissance (Taylor, Honneth, Fraser), sur les principes du procéduralisme ou du patriotisme constitutionnel (Habermas) ou sur la théorie de la justice comme équité (Rawls). Il ne s’agit pas ici d’exposer le détail de ces positions philosophiques diverses. Soulignons cependant que chacune vise à aplanir, par diverses voies, les difficultés de la délibération publique au sein des sociétés pluralistes, que ce soit par la consécration de libertés ou de droits politiques primordiaux, par la reconnaissance de la capacité morale de chaque citoyen d’objectiver sa propre vision du monde ou de discuter librement des fondements de la vie en commun à l’abri d’un positionnement préétabli ou intéressé.
Ce contenu a été mis à jour le 5 mars 2015 à 21 h 18 min.